J’ai la chance d’être « speaker » (orateur en bon vieux français) depuis plusieurs années dans différentes conférences, principalement grâce à mon job. Donc j’avoue, déjà, je triche. Mais j’organise aussi des évènements pour le compte de Microsoft où j’ai ainsi la lourde charge de devoir choisir des speakers pour les Techdays par exemple. Tout cela mélangé, j’ai l’impression d’avoir désormais une bonne vision du métier, de ses travers et de ce qu’il faut faire pour bien faire.
Tous les ans, c’est la même histoire. Certains rêvent d’être orateur mais ils sortent de nulle part. Tout du moins, je ne les connais pas et je n’ai aucun moyen d’en savoir davantage sur eux. Aussi, j’aimerais partager avec vous ma vision très personnelle du processus de sélection.
Note : oui, cet article est très personnel. Mais je pense que la plupart de mes collègues gérant les tracks des Techdays ou d’autres conférences doivent partager une grande partie de mon point de vue. Malgré tout, je ne suis pas à l’abris de passer pour un sombre abruti à vos yeux et je respecterais votre point de vue !
Commençons par parler des qualités importantes pour être un bon speaker. Nous verrons ensuite comment nous sélectionnons les orateurs et comment, du coup, vous pouvez augmenter vos chances d’être retenu.
A noter que je ne parlerais pas des fameuses techniques pour rendre votre présentation plus attrayante, de comment créer une connexion émotionnelle avec votre public ou ce genre de trucs. Vous trouverez pleins de choses plus ou moins intéressantes sur le net à ce sujet.
C’est quoi la différence entre un bon et un mauvais speaker ?
Bah le mauvais speaker, il monte sur scène, il fait son show avec des slides et des exemples techniques puis il part tu vois. Mais il a été mauvais. Tant dis que le bon speaker, bah, il monte sur scène mais il fait son show ! Avec des slides et des exemples techniques en plus et là, boom ! Telle une star, il part dans un nuage de fumée. Tu vois ?
Non. Je vois bien que tu ne vois pas.
Etre speaker, c’est avant tout avoir l’envie de partager quelque chose d’intéressant à des gens qui font l’effort de t’écouter. Cela implique du coup 2 choses importantes : avoir envie de partager et avoir un truc intéressant à dire.
Il faut en effet savoir que les gens qui viennent en conférence n’en ont rien à carrer de la tronche du speaker qui monte sur scène. Les gens ne viennent pas vous voir vous, ils viennent apprendre et écouter ce que vous avez à partager. Il existe certes quelques rares « méga stars » que l’on souhaite voir car ils ont non seulement quelque chose de super intéressant à dire tout en excellant dans le rôle de l’orateur. En général, ils ont créé un truc énorme (un logiciel, un concept, une entreprise), sont des orateurs hors pair et bossent de surcroît comme des chiens leurs présentations. Mais soyons honnête, il y a très peu de chance que vous apparteniez à cette catégorie de niche. Mais ce n’est pas grave, ce n’est pas ce que l’on recherche le plus.
Par contre, si vous êtes juste un mégalo de service qui souhaitez monter sur scène pour monter sur scène, passez votre chemin. Vous n’avez pas trouvé le bon domaine où exprimer cela. Vous allez souler les gens qui ont autre chose à faire que de supporter votre melon surdimensionné. Essayez de faire comique, chanteur dans le métro, j’sais pas moi, mais autre chose. Le problème, c’est que j’ai l’impression d’avoir souvent affaire à des mégalos en puissance. Malgré tout, il faut bien sûr être un chouilla sûr de soi pour oser monter sur scène et prendre la parole en public. Un timide maladif va surement stresser l’audience. Ce n’est pas grave. Monter sur scène n’est pas le but ultime dans la vie. Si tu n’as pas les qualités nécessaires pour parler devant beaucoup de gens, il reste d’autre moyens pour partager ton savoir et ta passion : écrire des articles, des exemples de code, participer à un projet communautaire, faire des petites vidéos. Bref, pleins d’autres formes d’expressions.
Ensuite, voici ce que je recherche personnellement dans les talents d’un bon orateur :
– Humble. Les gars, c’est de l’informatique. On n’est pas là pour sauver la planète donc ne cherchez pas à vous la raconter. En général, ce que l’on fait n’a rien de compliqué donc n’essayez pas de faire croire aux gens le contraire. Vous êtes là pour pousser les gens vers le haut, pas les écraser sous votre soi-disant expertise qui cache souvent une vraie incompétence ou un complexe d’infériorité.
– Pédagogue. On avait beau se moquer de nos profs quand on était « piti », cela n’est pas donné à tout le monde d’expliquer de manière claire un concept qui semble parfois compliqué.
– Dynamique. Il faut du rythme (mais pas trop) pour éviter que les gens dans la salle ne s’endorment au chaud dans leur siège tout en regardant leurs emails sur leurs téléphones. Il faut savoir alterner théorie, pratique et interaction avec la salle.
– Autocritique. Il faut être capable de s’apercevoir que l’on a délivré une mauvaise conférence ou que l’on a tout simplement pas été bon. Des fois, ce n’est pas forcément totalement de sa faute : fatigue, maladie, problèmes liés à la salle. Mais souvent, cela vient de nous : hors sujet, sujet trop complexe ou mal abordé, mauvaise préparation. Ce n’est pas grave de foirer une conférence, il faut juste en avoir conscience pour s’améliorer la prochaine fois. Autre point : s’exposer, c’est prendre un risque. Le risque d’être jugé, le risque d’être contredit, le risque d’avoir mal compris ou expliqué. Mais rassurez-vous, c’est bien plus noble d’essayer de partager en s’exposant que de basher tranquillement derrière son écran à l’abris, tel un petit lâche.
– Va à l’essentiel. Souvent, une conférence dure de 4 min (Lightning Talks) à 60 min max et la plupart du temps autour des 30/40 min. Ce n’est donc pas une formation ! Il faut donc quelqu’un qui soit synthétique et qui sache éviter de rentrer dans des détails inutiles ou de « live coder » des trucs absurdes qui lui font perdre du temps. Mais souvent, le fait qu’il soit humble évite naturellement ce genre de délires
– Réactif et attentif à la salle. Il y a souvent beaucoup de gens dans la salle. Aux Techdays, cela va de 10 à 800 personnes, donc vous avez beaucoup à apprendre de la salle. Essayez de voir comment la salle réagie en observant par exemple le langage corporel des gens pour vous adapter en temps réel. Cela va vous permettre de voir si personne ne capte rien à ce que vous dites car vous n’êtes pas clair ou au contraire si vous n’allez pas assez vite car vous balancez des lieux communs. C’est un exercice difficile mais vraiment super intéressant.
– Technique. Pour moi, c’est le moins important de toute la liste. Malgré tout, il faut évidemment être relativement bon techniquement. Mais soyons honnête, c’est assez facile de trouver quelqu’un de bon techniquement (n’importe qui peut le devenir s’il se donne la peine). C’est bien plus difficile de trouver quelqu’un qui dispose des talents précédents. Pourtant, presqu’à chaque fois que l’on me contacte, on me vante avant tout ses qualités techniques en tant que consultant interplanétaires de telle ou telle techno. Je vais vous avouer un truc : je m’en fous. Je cherche un bon speaker. 😉
Cette liste est plus ou moins par ordre décroissant d’importance, de mon point de vue.
Parmi les exemples qui m’empêchent de dormir la nuit : le speaker monotone et hésitant, qui ne regarde jamais les gens, uniquement le mur (surement un fils de peintre en bâtiment), a retenu un sujet chiant, qu’il traite en plus super mal et qui balance des exemples de code super compliqués, sans lien évident, le tout à pleine vitesse. Bah oui, cela va surement impressionner la salle. Poubelle direct. Qu’il fasse cela devant sa mère ou son animal de compagnie si cela l’amuse mais qu’il évite de faire perdre du temps aux gens. Merci.
J’ai déjà bien entendu vu également un autre spécimen intéressant : l’ultra arrogant. Il pense que sans lui, l’informatique est perdue. En général, il prétend avoir déjà inventé une centaine d’algorithmes ou patterns révolutionnaires à lui seul. Ou alors mieux : que tout simplement la conférence n’a pas lieu d’être sans lui. Ne rigolez pas, ils existent vraiment.
Ils sont souvent dynamiques, peuvent étonnamment avoir des choses intéressantes à dire et combinent plusieurs des talents qui me paraissent importants. Mais ils génèrent malheureusement une étrange réaction dans l’assistance : une très forte envie de lui coller une magistrale baffe pour qu’il la ferme. Donc vu qu’ils génèrent plus de stress que de bien être dans la conférence, ils sont également à proscrire au plus haut point. Sauf si cela s’inscrit dans une volonté explicite d’amuser l’auditoire et de générer du buzz. Mais prévenez le public avant pour éviter une émeute.
Et oui, ce n’est pas parce que l’on dispose de certaines des qualités que l’on est pas pour autant un mauvais speaker. Etonnant non ?
Note : toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que purement fortuite.
Voilà, vous en savez un peu plus sur le genre de profile que l’on recherche. Je vous rassure, c’est très rare d’avoir quelqu’un qui combine toutes les qualités ci-dessus. Je pense simplement qu’il faut tendre vers ce modèle. Mais si vous pensez en disposer d’une bonne partie (à commencer par l’humilité), essayons de voir maintenant comment augmenter vos chances d’être « sélectionné ».
Le chemin vers la gloire
Ce n’est pas tout d’être convaincu d’être un bon speaker, il faut aussi convaincre les gens qui organisent la conférence.
Soit tout le monde vous connait déjà comme Scott Hanselman dans la communauté Microsoft ou Lea Verou dans le monde du web et c’est fastoche. D’ailleurs dans ces cas-là, c’est davantage les organisateurs qui vous contactent plutôt que l’inverse. 😉
Soit vous êtes plutôt méconnu et on va donc chercher à vérifier par nous-même vos prétendues qualités.
Je me rends à beaucoup de conférences et de meetups. C’est souvent là que j’identifie mon futur vivier de speakers. Du coup, voilà le processus que je vous conseille avant de postuler aux très grosses conférences :
– Commencez par faire des présentations à vos collègues dans votre entreprise. Cela vous permettra d’identifier un sujet intéressant à partager et de vous entrainer sur une audience plutôt sympathique envers vous en général (sauf si vous bossez dans une boîte dite « à la con » ™). Demandez à vos collègues un maximum de retours sur votre présentation : clarté, pertinence, dynamisme, format, durée, etc. Soyez prêt à accepter leurs retours que nous espérons constructifs et à vous remettre en cause. Testez ensuite les versions corrigées sur d’autres équipes.
– Une fois le sujet bien maitrisé et la confiance en soi acquise, tentez l’aventure des meetups. Vous en trouverez des tonnes ici : http://www.meetup.com/fr/. Vous allez alors vous faire la main sur une audience plus compliquée, plus exigeante. Commencez à vous entrainer à « profiler » la salle, à observer la réaction des gens. Certains oseront venir vous dire certaines de vos fautes en face à face, d’autres préféreront vous sabrer magistralement sur les réseaux sociaux (Twitter, le groupe meetup, articles de blog). Ne le prenez jamais personnellement, c’est une occasion unique de progresser. Ma dernière en date : http://www.meetup.com/fr/Copenhagen-Net-User-Group/events/224687151/?eventId=224687151
Bon j’avoue je l’ai quand même un petit peu mal pris . Mais cela me rappelle avant tout les progrès qu’il me reste à faire en anglais pour améliorer la qualité de mes conférences.
– Ça y est, vous avez fait plusieurs meetups, cela se passe maintenant super bien, vous souhaitez passer à l’échelle supérieure. Identifiez les organisateurs des conférences en rapport avec votre expertise ou domaine de compétences et servez-vous de vos références meetups pour démontrer vos qualités. Le top : que vous ayez déjà eu des meetup filmés ou conférences pour donner le lien directement aux organisateurs.
Bon, tout cela est bien beau. Cela va valider vos qualités d’orateurs. Mais rappelez-vous, ce qui compte avant tout : ce que vous allez raconter aux gens ! Donc le sujet est encore plus important que le messager.
Bien choisir son sujet
C’est également souvent là que les gens se plantent magistralement. A nouveau car ils n’ont pas compris la chose essentielle : il faut que cela soit intéressant pour l’audience visée. Il ne faut pas forcément parler de son sujet favori. Eh oui désolé, mais cela n’intéresse souvent pas beaucoup les autres (sauf situation exceptionnelle comme Babylon.js ou Vorlon.js ).
Je pense aussi qu’il y a plusieurs cas de figures.
Tout d’abord, d’une manière générale, mieux vous maitrisez un sujet, mieux cela est. Par exemple, si vous avez bossé sur un projet assez long avec une nouvelle technologie et que vous avez un peu galéré, vous avez surement une bonne matière première pour un sujet de conférence. Par ailleurs, si vous suivez le processus que je vous ai indiqué, vos collègues et/ou meetup vous auront permis de trouver un sujet qui semble déchainer les passions. Au passage, pour augmenter votre crédibilité et vos chances d’être retenu, n’hésitez pas à faire savoir ce que vous avez déjà fait sur le sujet : articles de blog, contribution de code sur github, conception d’un logiciel, etc. Cela rassure les organisateurs sur une partie de vos envies réelles de partage et vos talents de communication.
Mais d’autres ont une approche intéressante (que je suis parfois aussi) : ils prennent un sujet qu’ils rêveraient de voir abordé mais auquel ils ne connaissent encore rien. Cela leur donne une motivation (et pression !) pour se former sur le sujet et partager immédiatement leurs connaissances fraichement acquises auprès de la communauté.
Ensuite, bien sûr, si vous bossez chez Facebook, Twitter, Google, Mozilla ou d’autres entreprises dans le même genre, on attends de vous que vous parliez de ce que vous faites. C’est suffisamment intéressant ou impactant pour justifier votre présence.
Dans le cas de conférences brandées comme les Techdays, vous vous doutez bien que l’on cherche avant tout à parler des nouveautés de nos produits. Sachez aussi que l’on va surement se garder les sujets les plus importants stratégiquement parlant pour nous. Prendre le risque de vous donner un sujet important à nos yeux, c’est prendre le risque de ne pas le voir traité comme on le souhaite. Et notre boulot consiste quand même à bien présenter nos technologies.
Donc si vous proposez une session sur les nouveautés de la techno bidule importante du moment, vous allez rentrer en concurrence directe avec les évangélistes de l’équipe ainsi que tous les autres génies qui eut la même idée que vous. Donc, outre vos qualités éventuelles de speaker, vos chances de réussite deviennent déjà quasi nulles. A vous donc d’être malin et d’identifier des sujets périphériques : des retours d’expériences suite à vos projets, une tendance que vous maitrisez qui est souvent peu abordée dans la conférence, etc.
Par exemple, en 2013, j’ai dû avoir franchement 20 fois la même proposition sur comment faire une application HTML5 pour le Windows Store et manque de pot pour vous, c’est moi qui avait envie de la faire. En parallèle, uniquement 1 personne a eu l’idée d’aborder l’importante complexité de la gestion du tactile sur le web. Un sujet qui arrivait pile poil au bon moment avec l’explosion des tablettes et smartphone chez nous. Je ne connaissais pas bien le speaker mais j’ai préféré prendre le risque car le sujet était franchement intéressant. Je l’ai fait encadrer par un autre speaker que je savais relativement bon (aujourd’hui évangéliste chez nous ;-P) et boom : 800 personnes dans la salle et une session très bien notée.
Dans le cas des Techdays, nous avons aussi tous les ans le débat du niveau technique des sessions avec certains d’entre vous. Elles vont de 100 (débutant) à 400 (expert). Dans le cas des sessions visant les développeurs, on a tendance à considérer que cela commence d’ailleurs à 200. La plupart de nos sessions sont d’ailleurs soit 200, où l’on découvre une nouvelle technologie ou un nouveau sujet, soit 300 où l’on va approfondir ou faire un retour d’expérience.
Dans le cas du 400, c’est bien plus compliqué. Tout d’abord, le niveau technique le plus élevé n’implique pas de faire un truc que personne ne comprend dans la salle. En effet, je vous rappelle à nouveau l’objectif de monter sur scène : partager pour que les gens apprennent des choses grâce à votre humilité et votre pédagogie. Pourtant, j’en ai vu des vainqueurs visant du soi-disant 400 tout en observant les gens sortir de la salle, dégoutés et n’ayant rien compris. En plus, en général, le gars il est content de lui et de sa connerie. Mais si cela ne tenait qu’à moi, il ne parlait plus dans notre conférence. C’est l’exemple typique du mec qui n’a rien compris. Faire du 400, cela implique d’être extrêmement bon techniquement mais surtout d’être un excellent pédagogue, très synthétique et très humble face à la technique. Bref, c’est très très rare. Et pour être honnête, dans le giron de développement Microsoft, il y a souvent que 2 personnes qui me viennent à l’esprit : Mitsu Furuta et David Catuhe. Personnellement, je ne sais pas faire ce genre de conférence et cela ne m’empêche pas du tout de dormir la nuit. Je m’éclate sur du 200 car j’adore ce format.
Autre problème du 400 : l’audience potentielle. Plus vous réduisez la cible, par effet d’entonnoir, moins il y aura de personnes dans la salle. Et nous nous sommes déjà retrouvés avec 5 personnes dans une salle sur un sujet de niche, les 5 personnes se connaissant déjà toutes et maitrisant déjà parfaitement le sujet. Bref, cela ressemble à une réunion entre potes sympathique mais qui nous coute cher. Je préfère qu’ils viennent squatter une salle de réunion chez nous ou qu’ils fassent leur propre meetup.
Et oui, n’oubliez pas que même si cela est un évènement technique, cela est payé par notre budget marketing. Et j’imagine que quand vous, vous voulez vendre votre produit ou votre nouvelle techno et que vous dépensez vos sous pour inviter des gens à venir la découvrir, vous êtes bien dégouté quand il n’y a que 2 pékins qui se soient déplacés, principalement pour manger gratos. Bah nous… c’est pareil ! 😉
Pour finir, j’aimerais aborder la délicate session « sponsor ». Je la connais depuis 2 axes : les Techdays où nous avons de généreux sponsors sans qui la conférence ne pourrait pas avoir lieu et moi, en tant que représentant de Microsoft, qui sponsorise un évènement.
Commençons par les Techdays. Si vous êtes un sponsor, je vais vous donner un conseil précieux : n’essayez pas de rentrer en concurrence avec une session que vous savez présente dans le track officiel géré par Microsoft. Les gens préfèrent voir l’original que la copie. Alors même que si ça se trouve, vous serez meilleur que le présentateur de Microsoft ! C’est injuste mais c’est comme ça. Inversement, si vous faites qu’une présentation marketing pure de votre produit, les gens ne viendront pas non plus ou partirons en cours de session. Bref, il faut à nouveau être malin. Trouver un sujet qui intéresse le plus grand nombre, basé sur votre expérience et expertise tout en glissant un tout petit peu votre produit, processus, prestations, etc. Les gens ne sont pas dupes.
Pour ma part, j’ai exactement la même approche dans les conférences web dans lesquelles je me rends. Parfois, certains organisateurs m’invitent pour parler de nos produits (Windows 10, Microsoft Edge) donc c’est avec plaisir que je le fais. Ce fut le cas récemment pour ma part au Danemark, à Copenhague pour la superbe conférence ColdFront.
Mais bien souvent, j’y suis présent en tant que sponsor. Déjà quand il y a marqué : « session sponsor » sur le programme, les gens lisent « attention, piège, n’y vas pas, le mec va essayer de refourguer sa came moisie ». Bref, vous partez avec un handicap. Du coup, j’évite absolument de pousser un produit, dont souvent tout le monde se fout (j’en ai conscience hein) mais plutôt de trouver un sujet sur lequel j’ai bossé et je me suis éclaté, en périphérie bien sûr avec nos technologies. Et sans trop me la raconter, je pense que cela marche souvent assez bien. Il m’est arrivé de me planter comme tout le monde, mais dès l’instant que vous venez avec une démarche sincère de partage, vous pouvez démontrer vos technologies sans faire le bourrin et cela va intéresser les gens.
A bon entendeur !
Pour avoir été très modestement "speaker" dans quelques conférences, je suis d'accord avec tous ces points, surtout ces deux :
C'est l'envie de partager qui domine le tout, et qui doit dominer le tout. Pas la peine d'aller plus loin si ça n'est pas le cas. Je dis toujours aux recalés (dont je fais régulièrement partie 🙂 : n'arrêtez pas vos idées à ce refus, écrivez des articles, pour des sites communautaires, sur votre blog, etc.
D'ailleurs, je recycle des idées de conf's en billets/articles, juste pour ne pas qu'elles meurent sur mon iPad ou dans mon crâne. C'est le plus important à mes yeux : faire vivre des idées (même très modestement).
Et c'est une grosse grosse école d'humilité (surtout quand on n'est pas rompu à cet exercice, typiquement mon cas, moins le tien :p ).
Autant de par :
– l'expert dans la salle qui en sait probablement autant que toi sinon plus (gaaaaaaaaa, pourvu qu'il ne dise rien !)
– que pour le débutant du sujet que tu risques de perdre.
Les gens s'inquiètent beaucoup du premier alors que c'est le second qui est le plus important.
Côté audience, c'est souvent ce qui me fait le plus peur : c'est pour ça que je n'ai par exemple jamais proposé de sujet aux Techdays, car je pense n'avoir rien d'intéressant à dire pour ces audiences.
Et clairement, des fois : on se plante. Ce n'est en général pas grave, il n'y a pas mort d'homme ni de châton, même si ça fait bien ch… . Des fois, le plantage est relatif : des personnes ont détesté, d'autres ont adoré.
Et on se plante pas toujours parce que c'est mauvais. Des fois, ça plante même si c'est super maitrisé : j'ai assisté à des TEDx tellement parfaits… qu'ils n'avaient aucune saveur. J'aimais bien par contre certains qui ont été moins lisses. Comme dit la pub, si vous n'aimez pas vos défauts, d'autres pourront les apprécier…
Merci pour ce superbe commentaire Nico! 🙂
Super article !
Excellent article !
David, c'est un excellent billet, et sur la conclusion c'est d'autant plus vrai que j'était sceptique sur la présentation de BabylonJS avec son intitulé bizarre à Paris Web 2013, alors qu'elle m'a retourné l'esprit à la sortie.
Et je dirais même plus !
Depuis que je co-organise les cryptoparties et que je participe au choix de conférences au Capitole Du Libre, beaucoup de choses entrent en compte, notamment le ressenti; Si la personne vient pour vendre sa solution, on préfèrera l'écarter pour le retour d'expérience et l passion qui anime quelqu'un.
Mais il reste très difficile de monter sur scène et de tenir le micro une vingtaine de minutes. Donc j'ajouterai ceci : si vous savez vous “mettre à poil”, dans le sens de savoir dire “je me suis planté”, vous êtes tout autant intéressant. Car l'expérience ne s'enseigne pas, elle s'aquiert, mais un bon prof sera toujours celui qui a mis les mains dans le cambouis et qui sait expliquer comment il a acquis cette expérience. Et que ce vécu joue énormément pour captiver une audience.
Bonne vision qui permet de bien comprendre la sélection qui déchaine tant de passion chaque année pour les speakers TechDays.
Pour ma part, j'ai eu la chance de présenter plusieurs sessions sur plusieurs sujet à Paris ou Genève, ce fut toujours un plaisir, même si certaines sessions m'ont laissé en goût amère (mauvais ressenti dès le départ).
J'en referai certainement plus tard, lorsque j'aurai de nouveaux sujets à présenter, en attendant j'assiste aux sessions des autres.
Fab
Merci pour ce post. J'essaye d'animer la communauté des devs .Net au sein de mon entreprise et j'ai prévu de faire plusieurs présentations.
Je vais me servir de tes conseils pour cela.
Merci pour ce superbe billet David, peu de personnes parleront de l’humilité et de l’exercice difficile qu’est le lightning talk.
Après, en effet, tu as raison sur un point auquel je n’avais pas pensé c’est d’aborder des présentations en interne pour améliorer le côté speaker ou orateur. Ca va me motiver ton billet 😉
Et une petite trad en francais de tes billets tu crois que c’est faisable ou faut que je me mette carrément à l’anglais ? re-bisous.